Avec la nomination du nouveau Président du Directoire de la Société du Grand Paris, Philippe Yvin, le sujet de l’amélioration des transports autour de la capitale est plus que jamais d’actualité. L’occasion pour l’organisme en charge du dossier d’annoncer les prochaines échéances, avec, dans pas moins de trois ans, un premier chantier qui devrait être livré : celui du rallongement de la ligne 14. De quoi faire bondir le marché de l’immobilier ?

Longtemps taxé de « flou », « utopique », « peu clair », le projet du Grand Paris verrait-il, avec ses premières échéances, un nouveau jour dans l’esprit des Franciliens ? La théorie de l’abattement des frontières du périphérique, et, avec elle, celle du bouleversement du marché immobilier francilien, pourraient-elle prendre corps ? Une chose est certaine : si le projet, repris de main en main par nombre de gouvernements, a souffert d’un manque de compréhension du grand public, avec l’approche d’échéances palpables (2017 pour la première ligne concernée), le projet se dessine peu à peu dans l’esprit des parisiens. Et risque, davantage, de faire évoluer le marché de l’immobilier.

Une spéculation autour du Grand Paris ?

Qu’observe-t-on pour l’heure ? Le réseau Guy Hoquet l’Immobilier a interrogé ses agences concernées par le projet, en mars dernier, en grande et en petite couronne. Résultat : nombre d’agglomérations ne mesurent pas d’impact réel sur leurs prix : Versailles reste un marché à part, Orsay ne se projette pas, Chelles bénéficie déjà d’une bonne desserte de transport, et Asnières a, depuis déjà bien longtemps, entamé sa boboïsation. Seuls quelques frémissements se font sentir : à Saint-Maur, on redoute l’arrivée de populations moins favorisées, profitant de l’émergence des transports. A Saint-Denis, on commence à lorgner sur des quartiers jusqu’ici peu cotés, avec la perspective réjouissante de relier Saint-Lazare en quelques minutes.

Ou une réponse à la crise du logement ?

Pas de quoi, pour l’instant, faire monter ou descendre la courbe des prix. Car la question se pose encore : le projet, dans sa version actuelle, se veut un rempart contre le manque de logement. En poussant les portes de la capitale, on augmente mécaniquement l’offre de biens sur le marché, et on fait baisser les prix. Un scénario probable, mais qui l’est tout autant que celui de repousser les frontières du périphérique jusqu’à la Grand Couronne : ainsi l’effet « Asnières », qui a vu ses prix grimper en flèche ces dernières années, jouerait à plein, faisant, à l’inverse, grimper les prix de toute la petite couronne parisienne. Regain d’intérêt des investisseurs d’une part, accès au logement facilité de l’autre, reste encore à savoir quelle tendance l’emportera, sachant que celles observées actuellement montrent des situations plutôt disparates.

Rééquilibrage des prix immobiliers autour de la capitale

« Il est possible que nous assistions, à long terme, à un rééquilibrage des prix entre l’est et l’ouest francilien », tempère Fabrice Abraham, Directeur Général du Réseau Guy Hoquet l’Immobilier. De quoi confirmer la tendance à la valorisation des quartiers de Saint-Ouen, exemple type du quartier proche de la capitale qui se boboïse. Le rallongement de la ligne 14, qui, en 2017, ralliera la Maire-de-Saint-Ouen à Olympiades, avec à terme, le projet de prolongement jusqu’à l’aéroport d’Orly, devrait aller dans ce sens.