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Le coliving en France : le labyrinthe juridique ?

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Le coliving en France : le labyrinthe juridique ?

Actualités
Publié le 02/01/2025 - Mis à jour le 06/01/2025

Le coliving, cette nouvelle tendance qui allie vie en communauté et espaces privatifs, a le vent en poupe en France. Mélange savoureux entre colocation et résidences services, il séduit les jeunes actifs, les étudiants et même les nomades digitaux. Mais avant de plonger tête baissée dans cette aventure immobilière, il est crucial de comprendre les subtilités légales qui l’entourent.

Le cadre juridique du coliving : décryptage d’un concept hybride

Le coliving se situe à la croisée des chemins entre la colocation traditionnelle et les résidences hôtelières. Cette dualité rend son encadrement juridique complexe, mais passionnant à explorer. Dans la plupart des cas, le coliving est régi par le bail meublé, soumis à la loi du 6 juillet 1989 modifiée par la loi Alur. Chaque résident signe un contrat individuel, ce qui facilite la gestion et offre une flexibilité appréciable. Cependant, lorsque des services supplémentaires (ménage, conciergerie, activités communes) sont proposés, le coliving peut basculer sous le régime des résidences de tourisme ou des établissements recevant du public (ERP).

Quelles sont les obligations des propriétaires ?

Les propriétaires ou gestionnaires de coliving doivent respecter les normes en vigueur en matière de logement décent, de sécurité et de salubrité. Les diagnostics immobiliers obligatoires, comme le diagnostic de performance énergétique (DPE) ou le diagnostic électrique, doivent être réalisés. De plus, l’inscription au registre du commerce et des sociétés (RCS) peut être nécessaire si l’activité est considérée comme commerciale.

Fiscalité du coliving

Le statut de Loueur en Meublé Non Professionnel (LMNP) offre des avantages fiscaux intéressants. Les revenus sont imposés dans la catégorie des bénéfices industriels et commerciaux (BIC), avec la possibilité d’amortir le bien et le mobilier. Cela permet de réduire significativement l’assiette imposable et d’optimiser la rentabilité de l’investissement.

Si le coliving propose des services similaires à ceux d’un hôtel (petit-déjeuner, ménage quotidien, réception), il peut être considéré comme une activité para-hôtelière. Dans ce cas, le régime fiscal change : les revenus sont soumis à la TVA, et des obligations comptables plus lourdes s’appliquent. Il est donc essentiel de bien définir les prestations offertes pour choisir le régime fiscal adapté.

Urbanisme et réglementation locale

Chaque commune a le pouvoir de réglementer l’usage des sols et des bâtiments sur son territoire. Le coliving, en tant que concept innovant, peut être soumis à des règles particulières selon les localités.

Changement d’usage et autorisations préalables

Dans certaines villes, transformer un logement en coliving nécessite une autorisation de changement d’usage. Cette démarche vise à contrôler la transformation de résidences principales en hébergements collectifs, afin de préserver l’équilibre du parc immobilier local. Les sanctions en cas de non-respect peuvent être lourdes, allant jusqu’à la remise en état des lieux et des amendes conséquentes.

Règlement de copropriété

Si le bien est situé dans une copropriété, le règlement peut interdire ou encadrer strictement la mise en place d’un coliving. Par exemple, l’exercice d’une activité commerciale ou la modification de la destination des lots peuvent être prohibés. Avant tout projet, il est donc impératif de consulter ce document et, si nécessaire, de solliciter l’accord de l’assemblée générale des copropriétaires.

Les droits et obligations envers les résidents

Le succès d’un coliving repose sur la satisfaction de ses résidents. Pour cela, respecter le cadre légal des relations locatives est indispensable. Chaque résident doit signer un bail meublé conforme à la législation, précisant la durée du contrat, le montant du loyer, des charges et les conditions de résiliation. La transparence sur les services inclus et les règles de vie commune est essentielle pour éviter les litiges.

Assurer le bien-être et la sécurité

Les gestionnaires doivent veiller à la sécurité des occupants : conformité des installations électriques et gaz, présence de détecteurs de fumée, accessibilité… De plus, le respect de la vie privée et des données personnelles, surtout avec l’utilisation éventuelle de systèmes de domotique ou de vidéosurveillance, est encadré par le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD).

Investir dans le coliving : conseils pour une aventure réussie

Le coliving attire de nombreux investisseurs séduits par sa rentabilité potentielle. Mais pour transformer l’essai, quelques bonnes pratiques sont à adopter.

Étudier le marché et la demande locale

Avant de se lancer, il est crucial d’analyser la demande en coliving dans la zone envisagée. Les grandes villes universitaires, les pôles économiques dynamiques ou les secteurs touristiques sont des terrains propices. Une étude de marché approfondie permettra d’affiner le projet et d’assurer son succès.

Se faire accompagner par des experts

Les aspects juridiques, fiscaux et techniques du coliving peuvent être complexes. Faire appel à un avocat spécialisé en droit immobilier, à un expert-comptable ou à un gestionnaire de patrimoine peut vous éviter bien des tracas. De plus, une gestion professionnelle valorisera votre bien et fidélisera les résidents.

Coliving et développement durable

Le coliving s’inscrit parfaitement dans les préoccupations environnementales actuelles. En mutualisant les espaces et les ressources, il contribue à une utilisation plus raisonnée des logements.

Des bâtiments éco-responsables

Intégrer des solutions écologiques (isolation performante, énergies renouvelables, matériaux durables) peut non seulement réduire l’empreinte carbone du coliving, mais aussi bénéficier d’aides financières ou de labels valorisants. C’est un argument de poids pour attirer une clientèle sensible aux enjeux environnementaux.

Sensibilisation et engagement collectif

Proposer des ateliers sur le tri des déchets, l’économie d’énergie ou la consommation responsable peut renforcer la cohésion entre les résidents. En faisant du coliving un lieu d’engagement et de partage, vous créez une véritable communauté autour de valeurs communes.

Vers une réglementation spécifique  ?

Face à l’essor du coliving, le législateur pourrait être amené à créer un cadre juridique dédié, comme cela a été le cas pour les meublés de tourisme avec la loi pour une République numérique. Anticiper ces évolutions permet de sécuriser son investissement et de rester en conformité.

L’émergence de plateformes dédiées au coliving pose également des questions juridiques, notamment en matière de responsabilité, de protection des données et de régulation des activités en ligne. Les investisseurs doivent rester vigilants et s’informer régulièrement des évolutions légales dans ce domaine.